Il était là, dans sa housse, depuis trop longtemps délaissé. Et ce matin, grand courageux qu'il est, il s'est montré. Sa poignée bleue s'est associée aux branches noires, reliées entre elles par 18 brins torsadés. Au premier trait tiré, il s'accorda. Un bruit sec et caractéristique résonna sur le champ de tir : ça faisait longtemps. Il est la continuité de mon corps, celui sans qui l'objectif ne peut être atteint.

Elles l'ont accompagné, toutes les six de noir vêtues, emplumées de blanc. Elles se sont laissées propulser, l'une après l'autre suivant précisément le chemin qu'il leur indiquait. Sans elles l'objectif n'a plus d'intérêt.

Il s'est montré docile, certes, mais aussi taquin : c'est sa façon de me rappeler que je l'avais abandonné. Dès la 18° flèche, il s'opposa à mes bras, m'obligeant à une pause. Là sur son support, esquissant un sourire à l'envers, il avait du mal à cacher sa fierté : il était le plus fort. Le second round s'annonça, 18 flèches après me revoilà sur la touche. Impossible d'armer correctement. Au troisième round, il m'envoya sur le tapis. J'étais KO, plus de force dans les bras.

Mon ami, mon arc, je te remercie pour cette leçon. Le temps effacera ma faiblesse et bientôt nous retrouverons, ensemble, nos parties de plaisirs.