Olivier C. Pons : Bonjour Owen, vous revenez de la 45° édition du COSPAR, qui s'est déroulée à Busan, en Corée du Sud. Pourriez-vous nous dire ce qu'est le COSPAR ?

Owen Strub : Bonjour et merci de m'avoir invité.

Le COSPAR, ou Comité pour la Recherche Spatiale, est une organisation internationale dédiée à la promotion de la recherche scientifique dans l'espace. Son objectif est de faciliter la coopération internationale dans le domaine de l'exploration spatiale et de favoriser l'échange de connaissances entre scientifiques du monde entier.

Chaque année, le COSPAR organise un congrès où des chercheurs, des ingénieurs et des professionnels du secteur spatial se réunissent pour présenter leurs travaux, discuter des dernières avancées technologiques et explorer les défis à venir dans le domaine spatial.

OP : Pourquoi avez-vous voulu participer à ce congrès international, qui est surtout destiné aux géants de l'espace ?

OS : Je pense que l’idée d’avoir l’opportunité d’être sélectionné pour présenter mes travaux lors d’une assemblée internationale a été une grande source de motivation pour moi. Le fait que le congrès se déroulait en Corée du Sud ajoutait une dimension supplémentaire d'excitation et d'intérêt.

Cependant, au-delà de cette opportunité unique, il y avait également le défi de montrer que nous, à La Réunion, sommes capables de réaliser de grandes choses et d’exceller sur la scène internationale.

Participer à un événement d’une telle envergure était une occasion de prouver que notre île peut contribuer de manière significative à l'avancée des connaissances dans le domaine spatial.

Personnellement, j’aime les défis, et celui-ci représentait une chance de me dépasser et de représenter fièrement La Réunion parmi les géants de l’espace.

OP : Qu'avez-vous ressenti en voyageant tout seul, sans délégation, vers une destination géographiquement, culturellement, et professionnellement aussi éloignée de vos origines ?

OS : Beaucoup d’appréhension, c’est indéniable.

En me rendant seul à Busan, je me sentais investi d'une grande responsabilité. À ce moment-là, j’étais l’ambassadeur de La Réunion et de toute l’équipe qui travaille sur la sonde. C’était l’aboutissement d’un travail de longue haleine que je devais présenter devant des professionnels de haut niveau, et j’avais peur de ne pas être à la hauteur.

Cependant, le soutien et l'enthousiasme des personnes qui suivent l'aventure de cette sonde m’ont énormément aidé. Je savais que beaucoup attendaient impatiemment les retours de mon expérience, ce qui m’a permis de reprendre confiance en moi. Me rappeler que des gens croyaient en moi et en notre projet m’a donné la force de faire de mon mieux pour ne pas les décevoir. Cette pensée m’a permis de surmonter mes peurs et de représenter fièrement La Réunion sur la scène internationale.

OP : Vous y avez présenté une sonde spatiale, pourriez-vous nous décrire sa particularité et le rôle que vous avez joué ?

OS : Cette sonde s’appelle Payankeu et c’est plus précisément un voilier solaire. Pour expliquer simplement, un voilier solaire est un type de sonde spatiale qui utilise le rayonnement solaire comme source de propulsion, un peu comme un voilier utilise le vent pour avancer sur l’eau. Payankeu est un projet né d’étudiants et de professionnels réunionnais qui ont voulu concevoir une sonde capable de naviguer dans l’espace en utilisant seulement l'énergie du Soleil. C'est une technologie innovante qui permet de voyager dans l'espace sans utiliser de carburant.

Mon rôle dans ce projet a été de travailler sur le déploiement de la voile. J'ai cherché une méthode permettant d'anticiper le comportement de Payankeu lors de cette phase critique. Le déploiement de la voile est une étape essentielle pour la mission, car il détermine si la sonde pourra correctement capter le rayonnement solaire et se déplacer dans l'espace. Mon travail consistait à s'assurer que cette étape se déroule sans problème.

OP : Votre prouesse met à l'honneur l'enseignement supérieur de la Réunion. Avez-vous été aidé par une collectivité, une division, voire une circonscription, territoriale, un centre d'enseignement supérieur, ou une association pour participer financièrement à votre voyage ?

OS : Malheureusement, les principaux soutiens initiaux du projet, comme l'Université de La Réunion et la Région, se sont retirés la même année. De plus, l'association U3P, qui soutenait Payankeu, a également cessé son appui. Avec les échéances approchant rapidement, je n'ai pas eu le temps de chercher d'autres sources de financement extérieures, ce qui est vraiment dommage.

Ce manque de soutien est regrettable, car il montre que des projets prometteurs à La Réunion ne reçoivent pas toujours la reconnaissance et l'appui qu'ils méritent. Ce problème financier a failli compromettre ma participation au congrès et la présentation des travaux de recherche. Malgré ça, j’étais motivé à surmonter ces obstacles et à réussir même dans des conditions difficiles.

OP : Pensez-vous continuer votre expérience spatiale ?

OS : Pour l’instant, je compte me consacrer principalement à mes études. Mais je ne compte pas abandonner l'aventure spatiale pour autant. Je vais continuer à suivre de près le projet Payankeu. Mon expérience au COSPAR m’a renforcé dans mon désir de contribuer à l'exploration spatiale, et je suis impatient de voir comment ce projet évoluera et de participer à d’autres initiatives passionnantes à l’avenir.

OP : Merci Owen pour votre témoignage.

OS : Je vous remercie beaucoup pour cette opportunité de partager mon expérience. Participer au COSPAR a été une aventure incroyable et une occasion unique de représenter La Réunion sur la scène internationale et j'espère que mon expérience pourra inspirer d'autres jeunes à poursuivre leurs rêves dans le domaine de l'exploration spatiale. Merci encore pour votre intérêt et votre soutien.