Mai 2009, il est 6:00 du matin, le soleil tarde, mais le PSIG est déjà sur place.

Le PSIG, ce sigle ressemble à PSY, quand on l'entend la première fois. Mais le Peloton de Surveillance et d'Intervention de la Gendarmerie est composé surtout d'athlètes aimant être à l'extérieur : ils détestent travailler devant un ordinateur, et quand ils vous allongent sur un canapé, c'est pour mieux vous immobiliser.

Il a été chargé par Paris de rassembler les preuves se trouvant au domicile de deux suspects.

L'aube dévoile une maison avec un petit jardin.

La veille au soir, un gendarme habillé en civil, était partie en reconnaissance. Il a présenté l'habitation au peloton très tôt ce matin, pendant le café, en insistant notamment sur la fragilité des accès et la docilité des chiens.

Après une dernière vérification de l'heure, le départ est donné. Le portillon s'ouvre sans résistance. Le maître-chien pénètre dans l'enclos. Les canins l'accueillent joyeusement, s'attendant sûrement à quelques câlins. Il les attrape, un peu déçu : c'était trop facile. A peine sortie, une dizaine de ses collègues envahissent le jardin et encerclent la maison. Trois personnes frappent à la porte. Elle s'ouvre. Les deux occupants se rendent sans effort.

Ils venaient de commencer leur déjeuner. Maintenant ils sont menottés.

Les gendarmes entament alors la perquisition. Ils travaillent proprement, mais ils ne rangeront pas ce qu'ils auront déplacé.

Ils ouvrent méthodiquement toutes les portes, fouillent tous les tiroirs et placards. Les albums photos et les lettres sont triés. Les téléphones portables et les clés USB sont confisqués. Les ordinateurs sont démontés et les disques durs mis sous scellés.

Les deux habitants exercent en profession libérale. Leur ordinateur personnel est aussi celui de leur travail et dans les téléphones se trouvent les numéros de leurs clients. Qu'importe, on les leur rendra sur simple demande, une fois l'enquête terminée.

Les occupants et les documents sont embarqués.

La porte de la maison se referme sur un paysage proche de celui d'un pillage : rien n'a été cassé et il n'y a pas de mort.

Les suspects passeront 72h en garde à vue pendant que les photos, les lettres et les disques seront expertisés. Puis ils pourront reprendre leur activité en attendant la comparution.

Mais qu'en est-il de leur entreprise ?

Dans un premier temps, elle fermera sans préavis pendant trois jours. Les clients surpris téléphoneront pour avoir plus d'information. Leurs appels aboutiront sur la boîte vocale, qui rapidement deviendra saturée.

Une fois la garde à vue terminée. Les suspects retrouveront leur domicile avec toutes leurs affaires éparpillées. Ils devront tout d'abord évacuer le choc psychologique, et ranger !

Leur environnement redevenu acceptable, ils auront des difficultés à relancer l'activité : les disques durs et les téléphones portables seront toujours saisis. Tous les dossiers, l'agenda électronique et le carnet d'adresses ne seront plus accessibles pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, le temps de l'expertise. Le travail devra alors être fait à la main, et la première démarche sera de se souvenir des affaires en cours.

Enfin les objets seront rendus dans l'état, sans installation et sans vérification. Même si le risque est minime, un disque peut avoir été endommagé pendant la saisie : ses déplacements étant nombreux entre la gendarmerie, le tribunal et l'expert. Il faudra reconstituer les données, comme par exemple en ressaisissant la comptabilité.

Une année passera et les stigmates auront disparus, en tout cas les plus visibles, car il y aura toujours un dossier qui n'aura pas été traité comme il aurait dû l'être, un dossier qui sera là pour rappelé que peut-être une solution adaptée d'archivage aurait limité la casse.