22/12/2023.

Le soir déploie ses ténèbres sous le regard d'une Lune croissante. La semaine s'achève lentement avant que Noël s'empare du week-end. Derrière l'écran de l'ordinateur, les paragraphes d'un rapport s'enchaînent. Quand soudain un mail s'annonce. C'est une demande d'un administrateur d'un blog de loisirs qui souhaite devenir super-administrateur. L'homme a une bonne expérience des sites web et il est pressenti par l'actuel propriétaire, pour être, dans un futur proche, l'héritier du blog. La demande reçoit une réponse favorable.

Le point final d'un nouveau paragraphe vient tout juste d'être posé, qu'un nouveau mail arrive. Il est alarmant. Le blog vient de disparaître de la toile ! Le futur responsable a fait une mise à jour automatique du gestionnaire de contenus, sans tenir compte du message d'avertissement, qui, pourtant était très clair. Le blog, en l'état, réclamait au préalable un minimum d'opérations manuelles. Un véritable professionnel se serait renseigné pour éviter de mettre le cirque dans l'arborescence des fichiers et corrompre la base de données. Il se serait bien garder de titiller le "bug du vendredi soir". Lui est passé outre, sans s'excuser, juste en justifiant le bien fondé de son acte.

Un regard rapide sur la situation. Le blog n'attire pas encore de visiteurs. La réparation demande une bonne demi-journée de travail. C'est le vendredi soir précédant la veille de Noël et il est tard. Un mail est envoyé au "super" administrateur que sa demande attendra un peu.

Aussitôt celui-ci installe sur un autre serveur un gestionnaire de contenus et y copie, sans autorisation, toute la base de données. Une fois le blog récupéré, il supprime au propriétaire toute possibilité d'y accéder et s'en vante.

En proie à l'indignation, ce dernier lit une seconde fois le message. Et brutalement toutes les émotions s'évaporent pour céder la place à la sidération. Le délinquant utilise l'induction (Conjecture plausible mais incertaine où la sagacité a plus de part que la logique et où l’on a plutôt égard à la vraisemblance qu’aux données de l’expérience - cf. Dictionnaire de l'Académie française) pour reprocher au propriétaire une réaction mue par de la "susceptibilité basique" ! Ami Lecteur, peut-être es-tu surpris par la présence du mot "délinquant". Mais sur le plan juridique, ce qui vient de t'être narré est qualifiable en atteinte à un système de traitement de données par abus de confiance, ayant occasionné un déni de service par destruction et le vol de données. De plus, comme le contenu se compose uniquement de textes d'auteurs et qu'il a été copié sans leur accord, le plagiat peut aussi être évoqué. En violant les articles du Code pénal et du Code de la propriété intellectuelle, l'auteur de ces délits risque tout simplement la prison.

Là, le propriétaire se trouve dans une situation qu'il lui faut régulariser au plus vite. L'usage de l'induction dénonce la sournoiserie. L'esprit analyse les derniers mois passés quasiment instantannément. En tout cas beaucoup plus vite que l'écriture ou la lecture du récit qui suit.

Le 4/08/2023, alors qu'il était un jeune membre d'une association, le propriétaire remarque que le nom de domaine correspondant au projet qu'elle développe est disponible. L'heure est tardive et le prochain conseil d'administration aura lieu dans un mois. L'attente est trop longue, alors pour ne pas perdre l'opportunité, il achète le nom de domaine, l'associe à un blog et en avertit l'association. Le but est de lui offrir gratuitement un espace sur Internet pour qu'elle expose le projet en cours. Tôt ou tard, cet espace deviendra la propriété de l'association : juste une formalité à remplir. Les membres sont invités à écrire, et les billets commencent à affluer. L'offre faite est de bon coeur.

Le délinquant est habitué à la communication numérique. Il a construit le site de l'association et le maintient.

C'est le monsieur Numérique de l'équipe et il ne contrôle pas le nouveau blog. Est-ce là, l'origine du mal ?

Alors se développe un support concurrent, dont le succès est mitigé. Voyant tous les efforts pour contrer ce qui n'est qu'un don, le propriétaire propose à Monsieur Numérique l'administration du blog. Ce dernier accepte et aussitôt détruit le travail effectué et en vole le contenu pour se l'approprier.

Pour régulariser la situation délictuelle, le propriétaire anticipe la cession du nom de domaine à l'association, ce qui supprime de facto tous les risques de poursuites judiciaires.

Alors, lorsque Monsieur Numérique culpabilise son interlocuteur en évoquant de la "susceptibilité basique", il crée, sans contexte, un doute sur son comportement.

N'aurait-il pas réagi en miroir ? C'est-à-dire, ne prête-t-il pas à l'autre les sentiments négatifs qu'il a ? Car comment nommer la vampirisation d'un blog, dont la création vous a échappée ? La réaction d'un amour propre vexé, c'est-à-dire l'expression d'une susceptibilité ?

La porte entrouverte vient de se refermer définitivement : l'ex-propriétaire a quitté l'association, comme le lui dictait son coeur. Car là où l'ego est attaché à l'appartenance ; le coeur se contente d'être. Et face à un ego qui refuse violemment le reflet de sa réalité éphémère ; le coeur affligé se relève et cherche un autre chemin. Campé sur les reliefs d'un vain combat, l'ego se délecte de son festin sans remarquer que déjà, le coeur a quitté la place, le laissant seul avec ses illusions comme uniques convives.