Le 31/05/2023, la délégation pour l'ISTS se réunit avant l'enregistrement, sous les couleurs de La Réunion. La scène est comparable à un voyage de fin d'études, comme on peut en rencontrer dans l'enseignement supérieur. Mais en fait, c'est bien un voyage de fin d'études, d'études de faisabilités. Son objectif est d'établir des contacts professionnels pour la réalisation d'un premier voilier de test lancé en orbite basse, PAYANKEU ALPHA, et l'ISTS en offre la possibilité. En plus des trois exposés sur PAYANKEU (cf. La face cachée de la Lune au pays du Soleil levant), un quatrième présentera les possibilités de cultiver la plante médicinale centella asiatica dans l'espace, pour offrir une pharmacie à bord des stations spatiales. Le petit groupe embarque à bord d'un Boeing 787-8, qui offre un confort tout à fait acceptable en classe loisir. Il est affreté par Air Austral, dont le personnel est accueillant et agréable. Le seul bémol est le repas, où mieux vaut ne pas être allergique au gluten : semoule de blé, pâte, tartelette, biscuits, et viénoiseries forment la base alimentaire !

Mais regardons plutôt toute les étapes du vol vues par un passager.

La première est la réservation. Elle se fait en ligne et demande une carte de crédit. Suit alors l'enregistrement. De plus en plus, lui aussi se fait en ligne, après la réception d'un email. À ce niveau, le voyageur n'a pas encore été mis en contact avec une personne en chair et en os. S'il a une valise en soute, alors il pourra être accueilli par une charmante hôtesse. Dans le cas contraire, il lui suffit de se présenter au sas matérialisant l'entrée en zone internationale. Celui-ci s'ouvre automatiquement, dès la lecture de la carte d'embarquement. S'ensuit le poste de police, où un ordinateur interroge une base de données avec les éléments du passeport. Vient ensuite la fouille, où les rayons contrôlent le contenu des bagages en cabine. Enfin l'embarquement est clôturé par une dernière étape : la lecture de la carte d'embarquement juste avant de prendre le couloir menant à l'avion.

L'arrivée en cabine débouche sur un vaste système informatique. Chaque siège comprend un ordinateur qui commande le plafonier et diffuse les films. L'éclairage de la cabine et l'oppacité des hublots sont contrôlées. Cette dernière utilise des film LCD dont la transparence varie avec la tension électrique qui lui est appliquée. Cette technologie est aussi utilisée par PAYANKEU. Enfin, l'écran offre en temps réel la position et l'atitude de l'avion.

L'arrivée à Bangkok est marqué par un très long couloir équipé de tapis roulants. Il est tellement long, qu'un robot se charge de son entretien.

Arrivé au poste de l'immigration, l'empreinte de tous les doigts et la photographie du visage du passager sont comparées aux données du passeport biométrique. Mais l'informatique n'a pas encore terminé son travail. Le passage de la douane exige que les valises soient inspectées par des rayons X, avant de déboucher sur une architecture alliant le verre à l'acier.

Ce qui est vrai pour Bangkok l'est aussi pour tout aéroport international.

Devant être connecté en permanence, l'homme voyage avec un smartphone et un ordinateur portable, qui, une fois les batteries vides ou le WiFi absent, l'isolent complètement du monde.

Qui se rappelle des numéros de téléphone de ses proches, quand il suffit de mettre le doigt sur leur photo pour lancer l'appel ?

Où se rendre pour réserver un vol, quand l'accès à Google est impossible ?

Qui remplacera le robot hors service, quand tout le personnel aura été remplacé par ces assemblages mécaniques ?

Comment empêcher un délinquant de fuir le pays, quand la base de données ne sera plus accessible ?

C'est en répondant à ces questions que l'on prend conscience de la perte des compétences, comme la mémorisation, la connaissance, le travail manuel, ou le flair.