Juillet 2009, le Directeur commercial d'un transitaire du Havre, voit parmi ses clients, un autre transitaire qui implante une nouvelle structure dans l'Océan Indien. Parmi les actionnaires, il y a la responsable commerciale, qui possède un carnet d'adresses sur la Chine. Elle est la clé de tout commerce avec l'ancien Empire du milieu.
Sans perdre de temps, en octobre, il tente une première approche pour débaucher la dame. La réponse est rapide : elle décline son offre. La tentative d'ouverture sur la Chine a échoué.
Pour atteindre ses objectifs commerciaux, il ne lui reste plus qu'à récupérer le maximum de part de marché sur le territoire français.
Aussitôt, son entreprise se restructure pour atteindre son nombre maximal d'établissements, dans les trois mois qui suivent.
Hélas, ouvrir de nouveaux établissements a un coût.
Et en 2011, quand son activité chute, elle doit fermer un établissement, et s'endetter auprès de ses fournisseurs, dont les banques, pour maintenir un bénéfice quasiment nul.
Augmenter les recettes devient alors une priorité, et en 2012, tout naturellement, le Directeur commercial repense à l'ouverture sur la Chine de son client.
Il se rapproche de nouveau de la responsable commerciale, qui, maintenant, déplore une dégradation des relations entre les associés de sa structure, à tel point qu'elle doit s'opposer au principal actionnaire.
Elle vient d'offrir au fournisseur une excuse suffisante pour l'aider à trahir sa propre société !
La faille est repérée : la structure dans l'Océan Indien n'a pas d'agence au Havre, elle est obligée de céder ses dossiers à un autre transitaire pour le dédouanement. D'ailleurs, les chinois lui ont imposée le leur.
C'est là que va s'installer une infernale machination : une escroquerie.
Tous les dossiers correspondant à un fret allant de la Chine vers le Havre seront systématiquement détournés, au profit du transitaire du Havre, sans passer par celui des chinois.
Au fur et à mesure qu'il empoche les recette du transitaire de l'Océan Indien, celui du Havre le décrédibilise aux yeux des chinois.
La tactique est simple. Quand un exportateur chinois traite avec le transitaire de l'Océan Indien, la responsable commerciale vérifie le trajet demandé. Si la destination est le Havre, alors elle avertit les correspondants chinois pour leur dire que le dossier sera traité par sa nouvelle société, pour laquelle elle a même créé une adresse chez gmail, où elle associe son nom à celui de l'entreprise.
Les chinois pensent traiter avec leur interlocuteur habituel, alors que dans les faits, ils sont en affaires avec un inconnu.
La perversion atteint son paroxysme, lorsque pour éviter d'être inculpée, la responsable commerciale demande à son assistante d'effectuer les opérations d'abus de confiance : le fusible est parfait.
Cependant, tapi à Sarreguemines, un gardien intraitable veille : le serveur de messagerie du transitaire de l'Océan Indien.
Lors de la création de l'adresse chez gmail, faute d'avoir les compétences nécessaires, la responsable commerciale a dû demander à l'informaticien de la société de l'aider. Celui-ci a lié l'adresse chez gmail à une adresse de secours, sur le serveur de Sarreguemines. Il avait opté pour cette solution, notamment pour faire face à une perte de mot de passe.
Lorsque le principal actionnaire a commencé à avoir des doutes sur son associée, Il lui a fallu simplement quelques clics, pour consulter tous les messages qui avaient été copiés à l'adresse de secours.
Le pot-aux-roses découvert, l'action en justice pouvait commencer.