14/01/2024
Il est 20:00 et le message est clair : La Réunion va recevoir un cyclone tropical de plein fouet.
Comme un avion, il a longé la côte Est de Madagascar avant d'amorcer un dernier virage à gauche, pour s'aligner sur la diagonale Nord-ouest Sud-est de l'île. Il a alors ralentit sa vitesse pour parfaire son atterrissage et déverser abondamment ses vents violents sur l'île. La population confinée attend patiemment le retour au calme.
Comment une telle prouesse peut être envisageable ? Comment des vents de 250 km/h ne créent pas des foules paniquées ?
La raison repose sur une armée de soldats au cerveau de silicium. Depuis le début des années soixante, La Réunion a acquis une expertise dans la gestion des crises cycloniques.
Le premier acteur est le satellite. Véritable espion volant, il traverse le front pour récupérer des images de l'atmosphère. Au sol des observateurs, les stations automatiques, traquent le moindre petit écart de température, pression, et hygrométrie. Ils sont soutenus par la reconnaissance aérienne, l'escadrille des ballons-sondes, dont les membres offrent leur vie pour récupérer les précieuses informations. Oui, la guerre contre le temps a aussi son lot de héros. Toutes ces données sont relayées jusqu'aux ordinateurs d'analyse, qui, en suivant scrupuleusement un modèle mathématique, sont capables de prévoir la météo dans les cinq jours à venir.
Une fois le verdict prononcé, sous le regard du Préfet, les médias diffuse l'information. Les magazins renouvellent leur stock et la population constituent le sien. Cette année, un nouvel outil a été testé : l'alerte par téléphonie mobile. Le message présentait en début de ce billet a été transmis par le réseau mobile, faisant du téléphone portable l'interface privilégié avec l'Etat.
Il semblerait que sans le satellite, les stations automatiques, les ballons sondes, les logiciels de modélisation, la logistique assistée par ordinateur, les médias, les réseaux et la téléphonie mobile, la population aurait eu plus de difficultés à faire face au cyclone. En effet, l'île Maurice a reçu le bord du cyclone, soit des vents beaucoup plus faibles que ceux qui ont traversé La Réunion. Mais la population n'avait pas été avertie du danger et n'a pas pu protéger ses biens à temps, à la plus grande tristesse des assureurs.
Etait-ce une volonté pour ne pas faire fuir les touristes ? Etait-ce un manque de moyens ? S'il est difficile de se prononcer sur la première question, il est a noté que le site meteofrance.re offre un suivi de l'activité des cyclones qui concerne aussi l'île Maurice. Une fois aligné sur la diagonale, Belal est entré sur l'île supprimant tout d'abord l'électricité, puis l'eau. Au fait, ça fonctionne avec quoi un ordinateur ou un téléphone portable ? Comment on le recharge, une fois sa batterie vide et l'électricité coupée ?
Avec l'allume cigard de la voiture. Oui, c'est une solution valable dans le cas d'une voiture thermique, car avec un modèle électriques, il faudra choisir entre l'information et l'évacuation.
Mais au fait, comment faisaient les anciens avant le tout numérique ?
Tout d'abord, ils auraient remarqué que depuis une semaine les fourmis déménageaient pour des endroits bien au sec, en hauteur et protégés. Ils auraient alors entretenu les canaux d'évacuation des eaux pluviales et élaguer les arbres. Ils seraient allés au marché pour se partager la production locale et constituer un stock alimentaire suffisant.
Le numérique devrait juste être un outil complétant les autres, plus traditionnels.
Pendant que cette pensée occupe momentanément le cerveau, doucement, sur la plaque en céramique réduite en simple support, j'installe un réchaud à gaz pour chauffer l'eau du thé. Heureux d'avoir préservé la bouilloire traditionnelle, au détriment de la sophistiquée avec puce intégrée, je m'apprête à déguster calmement cette infusion, pendant que les éléments se déchaînent à l'extérieur.