Tout commence par un lien affectif avec une femme à la mère fusionnelle. Elle maintient un conflit avec l'un des siens, et l'un de ses parents est malade. Le parent exige des soins permanents, et ce depuis fort longtemps, ce qui l'empêche de traiter les affaires courantes. La mère cherche un alter ego qui peut la remplacer dans les tâches quotidiennes. Et le conflit demande l'intervention d'un juge, mais la famille règle ses comptes en interne.

La fille devient alors la solution à tous les problèmes. Elle s'empressera de s'occuper, avec honneur, des affaires courantes, des tâches quotidiennes et du litige, quitte à mettre sa vie entre parenthèses. Devant ce sacrifice, se déclenche alors chez l'homme qui la croise, le réflexe du preu chevalier volant au secours de la pauvre damoiselle en détresse : sauf qu'elle n'est pas pauvre et que ce qui semble être de la détresse n'est que de l'orgueil mal placé.

À l'instar de Galaad, le chevalier s'enlise dans un combat où les émotions l'emportent sur la raison. À chacun de ses pas, un flot de mensonges le submerge. Il se débat alors à coup d'arguments et de démonstrations. Mais une fois la vérité rétablie, des démons surgissent de toutes parts et l'assaillent de reproches. Rempli de remords, il culpabilise face à son impuissance, sans prendre conscience que la partie était perdue d'avance.

Il tombe. Immergé, l'armure usée par les coups, l'entraîne vers le fond. Il sombre dans la dépression, jusqu'à ce qu'une émotion trop forte pour être retenue, s'échappe en larmes. Plus tard, d'autres suivront : une jointure vient de céder. L'armure se détache en partie. Les épaules moins chargées, il cherche de quoi s'agripper. À cet instant, comme une racine venant de la surface à laquelle on se raccroche, la spiritualité freine d'abord sa chute, puis offre le support pour ressortir la tête hors de l'eau. Encore faut-il accepter de la voir et lui faire confiance.

Cependant, ce qui reste de l'armure est encore trop lourd pour se hisser sur la berge. Se dévêtir est la seule solution. Éliminer toutes les émotions enfouies devient une nécessité. Délesté et gisant au bord de l'endroit où, avant, il était englué, il retrouve la raison, qu'il avait délaissée. Lentement, il énumère les dangers et les options qui se présentent. Il est au centre d'un marais caché dans la brume. Deux choix s'offrent à lui. S'il reste, il renonce à ses projets. S'il tente la traversée, il risque de se perdre à jamais.

Il opte pour le second choix, quand, soudain, perçant le brouillard, un rayon de soleil révèle un chemin sinueux caché par la végétation. Sa largeur est si mince, que seule une personne sans bagage peut risquer de s'y aventurer. Les émotions étant déjà évacuées, il se débarrasse de ses désirs et de ses envies. Les projets s'évanouissent les uns après les autres à l'exception d'un seul : se lever et sortir de ce lieu. Le trajet est délicat et son corps blessé n'assure plus la précision de ses pas. Alors, il s'arrête le temps de se soigner. Les blessures profondes réclament beaucoup de soins. Peu importe, il apprendra à vivre ainsi démuni.

Les mois ont passé et les cicatrices sont encore fraîches, quand il reprend son périple. À peine debout, son coeur s'accélère et s'affolle. C'est l'angoisse. Mais pourquoi ? Son pied vient de heurter ce qui jadis était un écu, et ce morceau de métal rouillé a rappelé inconsciemment la douloureuse épreuve. Pire, il a projeté ce qui a été vécu, dans le futur proche. L'homme, sans comprendre la raison, ressent qu'il va affronter de nouveau, ce qu'il est en train de fuir. Pour lui, le cauchemar va recommencer, et ça l'angoisse.

Constatant ses blessures psychiques, il s'en remet à Dieu pour l'aider à les assumer. Ce dernier s'exprimera à travers les gens qu'il croisera, par de petites phrases qui provoqueront des prises de conscience. Petite touche par petite touche, la psyché guérit. Le brouillard s'estompe. La réalité se dévoile : le marais s'étend à perte de vue. La traversée sera longue. Résigné, il entame son cheminement. C'est la seule chose qu'il lui reste à faire.