Quelques tubes d'aluminium tendant une simple toile, et vous avez un outil merveilleux d'observation de la terre : l'ULM. Son vol lent et à faible altitude permet d'apprécier les moindres détails de la surface de notre planète, et en particulier la guerre, que se livrent l'homme et la nature depuis des millénaires.
Elle a commencé vers 10000 ans avant Jésus Christ, lorsque l'homme abandonne la cueillette et la chasse pour l'agriculture. Il apprend à cultiver et à élever. Pour ça, il lui faut des terrains à ensemencer. La première bataille commence alors : la déforestation. L'homme abat ou brûle ce qui jadis l'abritait ! La forêt est grignotée et cède la place aux champs.
La deuxième bataille est plus récente, elle commence au XIX° et se nomme la révolution industrielle. L'homme trouve que l'agriculture et l'artisanat sont dépassés face aux commerces et à l'industrie. Il quitte alors les champs pour envahir les villes où il crée les manufactures. L'exode rurale est absorbée par l'urbanisation intense. Les industries offrent du travail, et les infrastructures de transports favorisent les échanges commerciaux. Le champs, devenu encombrant, est remplacé par des villes, des usines, des routes, des ports et des aéroports. Les surfaces cultivables diminuent et il y a plus de monde à nourrir, alors l'homme va inventer une autre arme : l'agriculture intensive. Il emploie avec démesure des engrais et des pesticides pour forcer les champs à produire plus. Les espèces sont sélectionnées en fonction de leur rentabilité, les plus rentables sont produites à outrance, les autres disparaissent du paysage et s'éteignent à jamais. La monoculture ne sert qu'un seul dieu : le profit.
Dans cet environnement en plein conflit, ruisselle un agent silencieux, capable de tuer tout être vivant en quelques jours : l'eau. Son cycle, sans cesse, lui fait remonter l'histoire. Son évaporation lui offre un aérostat, le nuage, avec lequel elle atteindra la montagne, d'où elle se déversera. Et là, elle revit la bataille. D'abord la forêt, puis les cultures et enfin les villes industrielles avant de se jeter dans l'océan. A chaque passage, elle emporte des souvenirs : des morceaux de sol pris surtout aux champs et aux villes, car la forêt a appris à résister à l'érosion hydrique. Des poussières chargées de pesticides, d'hydrocarbures et d'autres déchets de notre civilisation industrielle. Ces poussières contaminées sont absorbées par les algues, qui à leurs tour vont nourrir les animaux, pour terminer dans nos assiettes. L'eau nous contamine avec nos propres déchets.
Notre agonie est annoncée. La bataille est perdue d'avance. Mais nous pouvons encore capituler et vivre en harmonie avec la nature, comme le faisaient nos ancêtres, quand ils étaient chasseurs. Notre technologie est de loin la plus performante, que n'ai jamais atteinte les espèces connues : elle peut nous permettre de réparer nos erreurs, ou tout du moins ne plus en faire d'autres. Ce n'est qu'un choix à faire, une simple décision individuelle : choisir entre la vie et le profit.