Être autorisé à chasser

Le Code de l'environnement définit la chasse à l'article L420-3. "Constitue un acte de chasse tout acte volontaire lié à la recherche, à la poursuite ou à l'attente du gibier ayant pour but ou pour résultat la capture ou la mort de celui-ci." Elle fait partie du règne animal où elle joue un rôle de régulation des espèces. L'homme, en tant que spécimen de la faune, suit cet esprit en l'encadrant par des lois. Aussi, pour la pratiquer, il faut suivre une formation sanctionnée par un examen. Sans le permis de chasser, celui qui prélève un animal dans la nature est un hors-la-loi. Trois grands volets sont au programme : la législation, les espèces animales, et la manipulation des armes à feu, qui, rappelons-le, sont souvent mises en cause dans les accidents. Les cours sont dispensés en scéances théoriques et exercices pratiques au sein des fédérations départementales de chasses[6]. À la fin de l'enseignement, le candidat passe un examen avec l'Office français de la biodiversité[7], qui lui délivre ou non son titre permanent de permis de chasser. L'examen se déroule en quatre ateliers pratiques et un théorique, et dans chacun d'eux, le candidat peut être éliminé.

Le permis de chasser est suffisant pour utiliser le fusil ou la carabine. Pour l'arc, une journée obligatoire de formation au sein de la fédération de chasse est nécessaire. Elle débouche sur une attestation, qui certifie que le chasseur a pris connaissance des spécificités législatives et techniques propres à l'arc, et l'a manipulé. En aucun cas, elle ne confirme un quelconque niveau en archerie.

Apprendre à tirer à l'arc

Le cinéma nous berce dans l'illusion que manipuler un arc est aussi simple et tout autant efficace qu'une carabine. Pour vous convaincre que les deux armes sont difficilement comparables, il vous suffit de tester le tir à 10m avec un arc d'initiation (10 livres) et une carabine à air comprimé[8] (15 à 16 joules). Ces deux armes, tout en ayant des puissances équivalentes, n'ont pas le même comportement. La flèche se fiche après un vol plutôt lourd et le diabolo s'écrase après une trajectoire pratiquement rectiligne. La raison est que l'arc est conçu pour créer des hémorragies en profondeur sur des proies proches, alors que la carabine est fabriquée pour provoquer une onde de choc sur des cibles éloignées. Comparons-les plus en détails.

Tout d'abord, contrairement à la munition, où l'énergie transmise au projectile est dans un volume de poudre très précisément mesuré, l'arc emmagasine dans ses branches l'énergie produite par l'archer. Or, ce dernier étant le résultat d'un processus plus ou moins rigoureux, il produit une énergie dépendant essentiellement de sa morphologie, sa condition physique et son état de fatigue.

Ensuite, le dispositif de libération de l'énergie de la carabine (queue de détente, gâchette, percuteur) a une impulsion régulière. Pour l'arc, l'organe de libération est la main, qui, en retenant plus ou moins la corde lors de la décoche, provoque des retards et des pertes d'énergie.

Enfin la carabine guide le projectile à l'aide d'un long canon. Pour l'arc, le guide n'est qu'un tout petit repose flèche, qui, en fonction de son réglage, donnera plus ou moins de lacet à la trajectoire.

De ce fait, pour assurer une qualité de tir constante, l'archer doit apprendre à :

  • emmagasiner toujours la même quantité d'énergie (contrôle de l'allonge),
  • décocher avec régularité,
  • et régler correctement son matériel.

Ces trois composantes variant dans le temps avec l'évolution du corps (musculation, vieillesse, etc.), l'entraînement dure toute la vie, et il est recommandé de le faire au sein d'un club, ne serait-ce que pour bénéficier des infrastructures.

En France, il existe deux fédérations sportives d'archerie : la FFTL[9] et la FFTA[10]. Étant membre aux deux, j'ai pu constater que la FFTL est plus dans un esprit bon enfant et la FFTA dans la compétition. Si à leur début les deux structures pratiquaient des activités bien différentes, aujourd'hui nous assistons à un rapprochement des disciplines : le parcours 3D existe en FFTA et le tir en salle en FFTL. La grande différence est dans la participation aux championnats internationaux. Dans le cas de la FFTA, il y a toute une hiérarchisation de la sélection (départementale, régionale, nationale et olympique). Dans le cas de la FFTL, dès l'instant où vous avez prouvé que vous touchez votre cible, et ce, peu importe votre score, vous pouvez vous inscrire à un championnat international.

En conséquence, si le chasseur n'éprouve pas de plaisir dans l'archerie, autant qu'il se consacre à fond au fusil ou à la carabine.

Choisir son arme

Dans le monde de la chasse, il y a deux grandes familles d'arcs : l'arc mécanique de précision et les autres, qui, dans ce billet, sont regroupés sous la dénomination d'arc classique. Parmi elles, il y a votre arc, c'est-à-dire celui avec lequel vous vous sentez le mieux, celui qui reflète votre personnalité, bref, celui qui prolonge votre corps, comme l'écrit Paulo Coelho dans "La voie de l'archer"[11]. Mais encore faut-il le trouver.

La pratique du parcours 3D (discipline en pleine nature sur des cibles animalières en mousse) montre clairement que l'arc olympique n'est pas adapté à la chasse. La taille et la position de ses stabilisateurs le rendent encombrant. Les chasseurs lui préfèrent des arcs plus compacts.

Le style de chasse influe aussi sur le choix de l'arc. Pour être proche de l'animal, soit il faut attendre qu'il se rapproche (chasse à l'affût), soit le pister (chasse à l'approche). Dans le premier cas, un arc court et suffisamment précis permet d'utiliser des cachettes étroites et tirer de loin, afin de saisir plus d'opportunités. Dans le second cas, il faut tirer dès que l'animal se présente correctement. L'action est instantannée. Tous les accessoires de visée et de décoche sont alors inutiles. Ainsi, l'arc mécanique équipé d'une bonne optique et d'un bon décocheur est prédestiné à l'affût, alors que l'arc classique en tir instinctif l'est pour l'approche.

Les entraînements pour ces deux arcs ne sont pas les mêmes. Un chasseur à la carabine adepte de battue se familiarisera très rapidement avec un arc mécanique. Par contre, pour obtenir la même précision à puissance comparable avec un arc classique en tir instinctif, il devra développer une force physique plus importante et s'entraîner beaucoup plus longtemps. Comme nous le voyons, le choix de l'arme dépend de ce que vous recherchez.

[1] En 1808, Jean Samuel Pauly invente la première cartouche entièrement autonome.

[2] Le 01/07/1991, le premier ministre finlandais Harri Holkeri inaugure le premier réseau GSM commercial en appelant Kaarino Sunioni, vice-bourgmestre de la ville de Suonio.

[3] Arrêté du 15 février 1995 relatif à l'exercice de la chasse à l'arc.

[4] Les fumées de tir présentent une toxicité significative.

[5]Les plombs de chasse sont mis en cause dans le saturnisme des oiseaux, comme le montre cette étude sur les oies cendrées.

[6]Exemple : la fédération départementale de La Réunion.

[7] Site officiel de l'OFB.

[8]Ces armes sont en vente libres aux personnes majeures et peuvent être utilisées chez soi, dès l'instant où les conditions de sécurité, propres à chacune d'elles, soient respectées.

[9] Site officiel de la FFTL.

[10] Site officiel de la FFTA.

[11] COELHO (Paulo), La voie de l'archer, édition Flammarion, 2019, ISBN 978-2-0814-9446-6